LE SENEGAL QUE JE CONNAIS...

Publié le par senecaennaise-simal-2011.over-blog.com

... est avant tout celui de mon illustre voisin Léopold Sedar Senghor. leopold-sedar-senghor-01

 

Né à Joal en 1906, Léopold Sedar Senghor fut à la fois un grand écrivain, un poète qui a tenté de définir ce qu'est la négritude et un homme politique. D'abord élu député du Sénégal en 1945, il sera constamment réélu par la suite. Après avoir été le premier agrégé africain de l'université française,  il fut élu à L'Académie française en 1984. Il fut également le premier Président élu de la République française du Sénégal de 1960 à 1980. Réélu en 1963, 1968 et 1973, il démissionna volontairement de ses fonctions le 31 décembre 1979.

 

Marié à une Française, qui plus est, à une Normande, il se retira à partir de cette date en Normandie, à Verson où il mourut en 2001. La commune de Verson lui rendit hommage en créant l'Espace culturel Léopold Senghor.  http://www.ville-verson.fr 

 

 

 

Que d'émotion en lisant ce superbe poème pour moi qui vais découvrir la région du Sine Saloum, ses habitants, ses petits écoliers!

 

 

 

 

NUIT DE SINE

 

Femme, pose sur mon front tes mains basalmiques, tes mains douces plus que

fourrure.

Là-haut les palmes balancées qui bruissent dans la haute brise nocturne.

A peine. Pas même la chanson de nourrice.

Qu'il nous berce le silence rythmé.

Ecoutons son chant, écoutons battre notre sang sombre, écoutons

Battre le pouls profond de l'Afrique dans la brume des villages perdus.

 

Voici que décline la lune lasse vers son lit de mer étale

Voici que s'assouplissent les éclats de rire, que les conteurs eux-mêmes

Dodelinent de la tête comme l'enfant sur le dos de sa mère

Voici que les pieds des danseurs s'alourdissent; que s'alourdit la langue

des choeurs alternés.

 

C'est l'heure des étoiles et de la Nuit qui songe

S'accoude à cette colline de nuages, drapée dans son pagne de lait.

Les toits des cases luisent tendrement. Que disent-ils, si confidentiel aux étoiles.

Dedans, le foyer s'éteint dans l'intimité d'odeurs âcres et douces.

 

Femme, allume la lampe au beurre clair, que causentautour les ancêtres comme

les parents, les enfants au lit.

Ecoutons la voix des Anciens d'Elissa. Comme nous exilés

Ils n'ont pas voulu mourir, que ne se perdît par les sables leur torrent séminal.

Que j'écoute, dans la case enfumée que visite un reflet d'âmes propices

Ma tête sur ton sein chaud comme un dang au sortir du feu et fumant

Que je respire l'odeur de nos Morts, que je recueille et redise leur voix vivante,

que j'apprenne à

Vivre avant de descendre, au-delà du plongeur, dans les hautes profondeurs du sommeil.

 

Léopold Sedar Senghor, Chants d'ombre (1945)

Publié dans Poésie

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article